mardi 17 décembre 2019

Les abysses - Biz

Quatrième de couverture :

On peut être au cœur de la forêt et sentir néanmoins s’ouvrir sous ses pieds des profondeurs abyssales. On peut être sur la terre ferme et néanmoins se noyer… 

Catherine se noie. Son père, son unique parent à qui elle tient plus que tout au monde, son « père-mère », son ami, son confident… son père est enfermé dans une cellule de la prison à sécurité maximale de Port-Cartier. 

Michel Métivier, surnommé le « boucher de Baie-Comeau », ne doit pas en sortir avant une dizaine d’années. En attendant, sur les murs aveugles de son cachot, il dessine aux marqueurs fluo des créatures pélagiques, fantômes phosphorescents auxquels il consacre maintenant ses journées après avoir passé sa vie à empailler des animaux terrestres, ses trophées de chasse. 

La réalité d’un milieu carcéral fédéral n’est pas de tout repos, et le danger couve parmi les autres détenus : criminels, maniaques, psychopathes, assassins… 

De son côté, Catherine est en liberté mais vit dans une autre forme de prison. Crispée autour d’un secret qui ne sera révélé au lecteur qu’à la dernière ligne du roman, elle se coupe de tout : de son chum, de ses études, de ses plaisirs, d’elle-même. Entre ses rencontres avec la psy du cégep, ses visites à son père et ses piètres tentatives pour démontrer un semblant de normalité, elle perd pied, coule et se demande de plus en plus à quoi sert de lutter.

Le livre propose une structure en trois parties qui établit d’abord un présent tendu et mystérieux, puis qui remonte dans le temps pour donner accès à un récit de débâcle, tout en évitant soigneusement de dévoiler le cœur même du drame qui secoue Michel et Catherine ; la troisième partie, brève, percutante, montre en détail la scène qui a fait… tout chavirer.

Roman policier ? Oui. Roman psychologique aussi, et roman noir, ou plutôt roman en nuances de gris foncé. Roman habile : assurément.


Chaque livre que Biz publie fait beaucoup parler de lui. Il y a toujours un certain engouement autour de ses parutions. Personnalité d'abord connue grâce à son groupe de musique Loco Locass, il est devenu un auteur prolifique avec ses sept (je crois) romans. Les abysses était le premier roman pour adultes de lui que je lisais. J'ai lu il y a quelques années La chute de Sparte qui s'adresse plutôt aux adolescents et j'ai vu son adaptation au cinéma.

À la lecture de La chute de Sparte, j'avais reproché à l'auteur d'avoir "sentie" sa voix à plusieurs reprises. Je n'avais jamais totalement cru au narrateur adolescent. Ici, j'ai oublié Biz. J'ai pu embarquer dans l'histoire beaucoup plus facilement. S'il y a aussi certaines critiques sociales dans ce roman, elles sont plus subtiles et parfaitement intégrées au récit. 

Nous sommes transportés sur la Côte-Nord alors que Catherine vit des moments difficiles. Son père est emprisonné à la prison de Port-Cartier. Il a été accusé du meurtre d'un chasseur américain venu passer ses vacances près de leur chalet. Malgré tout, Catherine tente de poursuivre sa vie d'étudiante au cégep du mieux qu'elle peut avec, à ses cotés, son copain et son amie de longue date.

Malgré une fin prévisible, j'ai lu ce livre à toute vitesse. Évidemment, je voulais savoir si j'avais vu juste. Le rythme est prenant et l'enquête aussi. La relation père-fille est aussi intéressante bien qu'elle aurait pu être exploitée davantage. 

Bref, je ne me suis pas ennuyée une seconde avec ce roman même si la fin se devine longtemps d'avance. Je lirai assurément d'autres romans de cet auteur.

Un autre livre de Biz sur mon blogue : La chute de Sparte

Les abysses - Biz
Éditions Leméac 2019
144 pages