mardi 23 août 2016

Deux jours de vertige - Eveline Mailhot

Quatrième de couverture :

Deux jours de vertige est le récit d'une tempête. Il faut d'abord franchir les murs de cette élégante maison de campagne où se réunit une bande d'amis le temps d'un week-end ; puis repérer la belle et flottante Sara, juste au moment où elle apprend que l'amant qui l'a précipitée dans un état d'errance en la quittant sera de la partie. C'est là, au coeur des émois de Sara, que se joue l'essentiel de ce roman qui s'attache moins à raconter des événements qu'à se livrer à une minutieuse description des états de l'être dans sa perméabilité et ses imperceptibles fluctuations au gré des rencontres, de la lumière du jour, du temps qu'il fait. Le désir de trouver un équilibre dans cette mouvance infinie, ballotté dans une incessante agitation intérieure, confronté au monde et en premier lieu à l'autre, tel est ce qu'Eveline Mailhot parvient à rendre palpable dans ce huis clos psychologique vertigineux. 


Je me suis procuré Deux jours de vertige grâce à un coup de coeur pour la couverture et pour la quatrième de couverture. Il est rare que j'achète sans avoir lu préalablement un roman du même auteur ou sans recommandation. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais, de toute manière, je suis certaine que je ne m'aurais pas attendu à ça. Il est difficile de parler de ce roman qui se déroule dans un seul lieu et pendant un court laps de temps. 

Sara est une jeune femme en pleine remise en question. Elle ne sait plus si ses études au doctorat en valent la peine. Célibataire, elle est sans attache mais aussi sans ancrage. Invitée dans une maison de campagne pour deux jours, elle jouera autant le rôle d'observatrice que celui d'héroïne de l'histoire. Ils seront sept à partager repas, discussions et promenades mais il y en a un qui semble compter plus que les autres : Hugo son ancien amant. J'aurais aimé que les personnalités des personnages masculins soient mieux définies dans les premiers chapitres car je les mélangeais souvent entre eux.

Pendant quarante-huit heures, les personnages passeront de la cuisine à la galerie extérieure, du salon aux chambres à coucher. Il y a bien peu de mouvement. En se fiant à l'âge des protagonistes, on pourrait s'attendre à une fin de semaine de fiesta mais pas du tout. Ils discuteront à table, fumeront des cigares, boiront d'alcool et se feront des confidences autour du feu. Certaines révélations moins anodines que d'autres pourraient changer le cours de leur vie. Il est beaucoup question de choix et d'introspection. C'est un roman duquel il se dégage une certaine tristesse, un vague à l'âme qu'on ne comprend pas tout à fait mais qu'on ressent. Et j'aime bien ressentir. À voir si cette lecture est pour vous.

Deux jours de vertige - Eveline Mailhot
Éditions Noir sur blanc 2016
192 pages

dimanche 21 août 2016

Les mines générales - Daniel Grenier

Quatrième de couverture :

Quand j’ai fini de manger les fruits du chapeau de Carmen Miranda, je me suis léché les lèvres. J’en avais partout. Ça me coulait dessus, les mangues, le Brésil, l’aquarelle, le soleil, la samba, le fantôme de Marion. On a jeté des fleurs dans la baie de Rio, c’était le nouvel an. Ils m’ont fait signe. Je les ai suivis dans l’eau. Je les ai suivis partout.

La semaine dernière, le Brésil était à l'honneur autant dans ma télévision (grâce aux J.O. de Rio) que dans ma lecture avec cet excellent petit livre. C'est le deuxième de la série Nova que je lis après Quinze pour cent de Samuel Archibald.

Le narrateur de cette histoire, au nom inconnu, est un jeune québécois "pure laine" totalement en amour avec la langue portugaise et la culture brésilienne. Il en fait une véritable obsession ! Sa vie est complètement bousculée lorsqu'il fait la rencontre de Gustavo, un immigrant brésilien qui habite maintenant Pointe-aux-Tremble avec sa petite famille.

J'ai beaucoup aimé ce texte qui se lit en moins d'une heure. Daniel Grenier, que je n'avais jamais lu, a une plume qui me plait. J'ai découvert en fouillant sur internet que ce texte n'est pas inédit. On retrouve Les mines générales dans son recueil Malgré tout on rit à St-Henri. Il se peut donc que vous l'ayez déjà lu même si cette couverture ne vous dit rien.

Les mines générales - Daniel Grenier
Éditions Le Quartanier 2013
56 pages

mercredi 17 août 2016

Avec beaucoup de retard...

voici mon choix pour la journée-événement "Le 12 août, j'achète un livre québécois". Il s'agit de Deux jours de vertige d'Eveline Mailhot.

La couverture et la quatrième de couverture m'ont charmé. J'avais justement envie d'aller dans un chalet avec une bande d'amis !


Je suis restée raisonnable en en achetant un seul cette année car certains romans, qui paraîtront très prochainement, me font envie comme Autour d’elle de Sophie Bienvenu (une auteure que j'adore) et La fille dans le placard tome 2 de Chantal Brunette (dont j'avais bien aimé le premier) entre autres. Je sais qu'il s'en ajoutera aussi à la rentrée, je me connais !

dimanche 7 août 2016

La femme aux cartes postales - Jean-Paul Eid & Claude Paiement

Résumé :

1957. Rose quitte sa Gaspésie natale en laissant, derrière elle, une lettre sur son oreiller. Elle n’a qu’un rêve en tête: briller sur les scènes des prestigieux cabarets de la métropole. À cette époque, Montréal est un haut lieu de la vie nocturne et l’une des escales obligées des plus grands jazzmen. Les nightclubs brillent de tous leurs feux et la mafia fait des affaires d’or. Mais l’arrivée du rock’n’roll, l’engouement pour la télévision et l’élection du jeune et incorruptible maire Jean Drapeau va sonner le glas de cet âge d’or.

2002. En Gaspésie, un étranger vient d’acquérir une maison abandonnée mise aux enchères; photos aux murs, vieux piano désaccordé et au fond d’un garde robe, un terrible secret de famille…


Depuis sa sortie, j'avais très envie de lire La femme aux cartes postales. J'avais l'impression que j'allais l'aimer et je ne me suis pas trompée. Si j'avais une bande dessinée québécoise à vous suggérer en ce moment (ou pour le 12 août), ce serait celle-ci !

Dès le départ, deux époques et deux personnages principaux se chevauchent. À toutes les 5-6 pages, l'époque change et souvent, on nous laisse à un moment crucial. Voulant revenir le plus vite possible à l'époque précédante, on tourne les pages à toute vitesse. Dans les années 50, une jeune femme originaire de la Gaspésie quitte le nid familiale pour poursuivre son rêve de devenir une chanteuse de jazz à Montréal. À l'époque, c'était la ville de tous les possibles. En 2012, un homme apprend l'existence d'un frère jumeau. Ce dernier a péri dans l'écrasement des tours jumelles du World Trade Center. Il commencera une enquête personnelle pour retracer ses origines.

Le scénario est solide et le dessin en noir et blanc est magnifique. Il rend parfaitement bien l'ambiance jazzée des bars de l'époque. Je ne suis pas une amatrice de jazz et pourtant, je me suis surprise à vouloir en écouter pendant ma lecture. Pour la sortie de la BD, on lui a même créé un mini-album de deux chansons (Two little birds et Lullaby of birdland) interprétées par Fanny Bloom que vous pouvez écouter écouter sur itunes. Original !

À lire si vous avez envie de découvrir le Montréal des années 50 ou tout simplement de lire une BD au scénario bien ficelé ! Un coup de coeur pour moi.

La femme aux cartes postales - Jean-Paul Eid & Claude Paiement 
Éditions La Pastèque 2016
232 pages

vendredi 5 août 2016

Dans une semaine...


Je vais y prendre part pour la 3ème année. Et vous ?


Pour des suggestions, ce petit carnet est génial ! 
Il est gratuit dans les librairies indépendantes.

mercredi 3 août 2016

Qu'il est bon de se noyer - Cassie Bérard

Quatrième de couverture :

Automne 2012. Les citoyens de la ville d’Asbestos se réjouissent de la relance de la mine d’amiante annoncée par le gouvernement. Tant les petits commerçants que les artisans et les chômeurs se massent à l’entrée du moulin en quête d’un emploi. Jour après jour, leur colère s’intensifie devant le silence des dirigeants. Bientôt, la fureur se transforme en révolte. Au même moment, une série de noyades inexplicables bouleversent la région de l’Estrie. On retrouve les cadavres de plusieurs enfants flottant dans les lacs, les piscines et les baignoires. Jacinthe, qui fuit Québec pour s’installer à Asbestos dans la maison de ses grands-parents, décide de faire la lumière sur ces drames inexplicables. Ravivant d’anciennes blessures au point de frôler la folie, elle cherche des réponses dans les murs des sous-sols.

Voici moins le roman d’un mystère que celui d’une incompréhension. Les douleurs y résonnent, palpables, devant des drames et des maux ordinaires, mais toujours sur le fond d’un puzzle auquel il manque un morceau.


Qu'il est bon de se noyer, c'est ce titre étrange qui a d'abord retenu mon attention. L'auteure m'était complètement inconnue même s'il s'agit de son deuxième roman. Sans trop savoir à quoi m'attendre, j'ai plongé dans son univers mystérieux... espérant ne pas couler.

Il faut parler de l'écriture de Cassie Bérard en premier car c'est ce qui marque. L'histoire est vite reléguée au second plan. La plume est superbe et met en place une atmosphère déroutante mais très intrigante. Nous tentons de comprendre le passé à l'aide des souvenirs des uns et des autres mais les mémoires ne sont pas fiables et le tangible se fait rare. On nous laisse volontairement dans la brume avec cette Jacinthe/Judith qui perd contact avec la réalité. Nous pouvons nous efforcer de tout démêler en cherchant les quelques indices laissés ici et là ou bien lire simplement en s’imprégnant des images qui nous viennent en tête. C'est ce que j'ai fait après quelques chapitres.

La mine d'amiante d'Asbestos, ou la bête, est un personnage en soi. Elle régit l'existence de tous les habitants de la ville. Inévitablement, c'est aussi elle qui aura le dernier mot. Par bouts, j'aurais aimé être moins dans le flou mais la surprenante fin apporte quand même quelques réponses. Ce roman troublant à l'écriture superbe est une réussite.

Qu'il est bon de se noyer - Cassie Bérard
Éditions Druide 2016
320 pages