Un roman kaléidoscopique qui retrace la vie d'un certain New York, de l'anarchie des années sida aux hipsters de demain.
New York. Milly et Jared, couple aisé animé d'ambitions artistiques, habite l'immeuble Christodora, vieux building de Greenwich Village. Les habitants du Christodora mènent une vie de bohèmes bien loin de l'embourgeoisement qui guette peu à peu le quartier. Leur voisin, Hector, vit seul. Personnage complexe, ce junkie homosexuel portoricain n'est plus que l'ombre du militant flamboyant qu'il a été dans les années quatre-vingt.
Mateo, le fils adoptif de Milly et Jared, est choyé par ses parents qui voient en lui un artiste. Mais le jeune homme, en plein questionnement sur ses origines, se rebelle contre ses parents et la bourgeoisie blanche qu'ils représentent.
Milly, Jared, Hector et Mateo, autant de vies profondément liées d'une manière que personne n'aurait pu prévoir. Dans cette ville en constante évolution, les existences de demain sont hantées par le poids du passé.
New York est une ville que j'aime beaucoup et quand elle a une place importante dans un roman, comme dans Le Pactole ou Le Chardonneret, je suis attirée. Mais L'immeuble Christodora est bien plus qu'un roman à saveur new yorkaise, c'est un roman absolument nécessaire pour ne pas oublier la lutte que plusieurs groupes ont mené alors que l'épidémie du sida faisait rage aux États-Unis.
Lors que le récit commence et que nous rencontrons les habitants du Christodora, nous sommes en 2001 mais c'est grâce aux nombreux allers-retours dans le temps que nous apprenons véritablement à les connaitre. Le courant n'a pas passé tout de suite entre eux et moi. J'ai dû être persévérance mais ça a vraiment valu le coup. J'ai aimé découvrir les liens qui les unissaient et ceux qui ne me paraissaient pas attachants de prime abord ont su me toucher plus tard.
Le contexte de la fin des années 80 et au début des années 90 est fort bien décrit et bien expliqué. C'est une sombre époque que je ne connaissais absolument pas. Je ne savais pas à quel point les premiers patients séropositifs avaient vécu la misère. Les préjugés étaient alors très présents dans la population générale et même chez les travailleurs de la santé publique, les chercheurs ou les politiciens. On ne se préoccupait pas du sida qu'on considérait être une maladie d'homosexuels seulement. Les différentes communautés devaient militer sans cesse pour l'avancement des recherches alors qu'on dépensait de grosses sommes dans d'autres sphères de la santé. Les femmes séropositives étaient aussi de grandes oubliées. On ne considérait pas qu'elles puissent être concernées par le sida. Elles étaient exclues des études, des recherches et ne recevaient absolument aucune forme d'aide.
J'ai vraiment appris plein de choses à propos de ce mouvement dans ce roman très dense. Il est bien écrit et bien documenté. Avec L'immeuble Christodora, Tim Murphy a rendu un brillant hommage aux militants qui ont tout changé et à ceux qu'il a perdus beaucoup trop tôt.
L'immeuble Christodora - Tim Murphy
Éditions Plon 2017
446 pages
6 commentaires:
Oh, ça a l'air vraiment intense.
Sur le même sujet, j'ai découvert il y a quelques temps un excellent film : The normal heart. http://www.imdb.com/title/tt1684226/ Si tu as l'occasion, n'hésite pas.
Pour ma part, j'avais déjà repéré ce livre, mais là, je le souligne deux fois ! :)
@ Marion : Oh super, merci ! Je file voir ça :) Je ne connais pas du tout ce titre.
C'est vrai que ce roman est intense mais sans entrer dans des détails trop difficiles ni dans le pathos si tu vois ce que je veux dire.
Un livre qui revient régulièrement sur la blogo, mais avec des avis très divers...il me dit bien, le sujet m'intéresse, et j'aime quand les récits se passent à NY
@ Eva : C'est vrai que les avis sont divers. De mon côté, ça a fonctionné !
Hé hé finalement tu l'as lu avant moi. J,ai parcouru ton billet en diagonale et je te reviendrai dès que j'aurai fermé la dernière page de ce roman.
@ Suzanne : Eh oui ! Je croyais que ce serait le contraire :) J'ai hâte de connaître ton avis maintenant.
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