Elle avait rêvé d’une carrière de funambule, d’une maison avec des sapins et des balançoires, d’une fille qu’elle appellerait Anne. D’un amour qui durerait toujours. Que faire lorsque de ses rêves il ne reste que des retailles sinon les plier et les ranger dans un tiroir fleurant bon la lavande? C’est qu’elle ne sait pas vivre sans laisser son imagination la précéder, et c’est ainsi qu’elle avance et recule, accompagnée de son vautour, de sa mère toute d’ombre et de lumière, de ses souvenirs qu’elle revisite grâce à un passage secret dans sa garde-robe…
Porté par une écriture poétique, ce roman à la forme audacieuse explore les éblouissements et les fracas d’une jeune femme qui refuse la banalité et pourchasse l’extraordinaire.
Pendant plus d'une semaine, Le Grand Galop a été mon livre de chevet, celui que je lisais juste avant de dormir. Je me réserve toujours les plus beaux pour ce moment. Je l'ai lu une dizaine de pages à la fois en prenant bien mon temps. L'écriture de Marie-Noëlle Gagnon est magnifique. Elle peut parler d'amour, de l'enfance, de séparation, de dépression ou de l'achat d'une maison de la même manière c'est-à-dire de façon très juste et poétique à la fois.
La forme, elle, est déstabilisante car l'auteure offre au lecteur plus d'une version des événements. Puisque la jeune femme affirme dans la toute première ligne que "toujours, son imagination la précède", j'ai cru que les premières versions étaient imaginées et que les deuxièmes représentaient forcément la réalité. Puis, je n'en étais plus si sûre. Ébranlée, je ne distinguais plus le vrai du faux. Mais est-ce important finalement de savoir ? Il faut se laisser porter par l'écriture et apprécier tout simplement.
La Grand Galop est un de ces livres qu'il faut absolument posséder puisque vous n'aurez qu'une envie : surligner. Il y aurait des milliers de citations à relever dans ce texte. Voici deux passages que j'aimais particulièrement.
"Je quitterai la maison de ma mère et je laisserai derrière tous ces cahiers dans lesquels j'ai couché des rêves qui ne sont pas arrivés et j'irai ailleurs en rêver des neufs. Que je n'écrirai nulle part." p. 28
"Je suis amoureuse d'un garçon de ma classe et c'est comme dans les films, je le regarde et j'ai le souffle coupé et le coeur qui bat très vite et les jambes en coton, mais tout de même j'attrape presque toujours le ballon au ballon-chasseur, il ne faut pas charrier, je déteste les filles qui se pâment et deviennent quelqu'un d'autre quand elles sont amoureuses." p. 139
Le Grand Galop - Marie-Noëlle Gagnon
Éditions Québec Amérique 2015
151 pages
5 commentaires:
J'aime bien ces deux citations :-)
Je suis d'accord, il faut pouvoir surligner! Tellement bien écrit!
@ Sandrine : Moi aussi :) La première me fait sourire et la deuxième est très jolie.
@ Jules : C'est grâce à toi et Karine que j'ai eu envie de le lire celui-là !
Ça donne envie ! On dirait un roman qui fait du bien. J'aime beaucoup les citations que tu as choisies moi aussi :)
@ Topinambulle : Je te le conseille, je crois vraiment qu'il pourrait te plaire.
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