A la suite d'un léger accident de travail, la narratrice de ce récit a quitté son usine et trouvé un emploi d'assistante et réceptionniste auprès de M. Deshimaru, directeur d'un laboratoire de spécimen. Dans ce lieu étrange, ancien foyer de jeunes filles pratiquement désert, elle reçoit la clientèle avant que M. Deshimaru, en véritable maître de taxidermie, recueille, analyse et enferme à jamais les blessures et les souvenirs de ceux qui désirent échapper à leur mémoire. Sans vraiment comprendre ce qui se joue sous ses yeux, la jeune fille tombe peu à peu sous la coupe de cet homme...
Avec ce récit - assurément l'un de ses plus fascinants -, Yôko Ogawa pénètre davantage encore dans le territoire de l'envoûtement et de l'étrange, et révèle, au coeur du suspense, l'empreinte d'une douleur qui va jusqu'au fétichisme.
Yoko Ogawa est une auteure qu'on apprend à aimer je crois. Après cette lecture, qui est la troisième oeuvre d'elle que je lis, j'ai une admiration grandissante pour elle. J'ai aimé La formule préférée du professeur et Parfum de glace mais L'annulaire est celle que j'ai préférée d'entre les trois malgré qu'il soit très court. Certaines scènes y sont très fortes et j'ai l'impression qu'elles me marqueront pour un certain temps.
Dans ce récit encore, elle explore l'étrange et fait ressortir de ces scènes des détails très particuliers. Son regard est unique. Cela fait d'elle, une auteure au style qui ne ressemble à personne. À chaque fois, je me dis que j'ai probablement passé à côté de certaines significations symboliques pour comprendre l'histoire à cent pour cent mais, je ne m'en fais plus. Si je persiste à lire Ogawa, c'est pour l'ambiance parfois oppressante, parfois mystérieuse et parfois simplement décalée qu'on ne retrouve pas ailleurs.