jeudi 29 décembre 2016

L'heure est aux bilans : les romans étrangers

2016 n'aura pas été une grosse année pour les romans étrangers sur mon blogue mais la qualité est préférable à la quantité, non ? Et j'en ai lu de très bons ! 2017 devrait être différente si je me fie à ma PAL...

Mon coup de coeur de l'année est...


The Girls d'Emma Cline


Pas loin derrière, il y a...


Dracula de Bram Stoker
Station Eleven d'Emily St.John Mandel

mercredi 28 décembre 2016

L'heure est aux bilans : les bandes dessinées

En ce mercredi BD, je vous présente mon petit top pour l'année 2016. J'ai lu de très bonnes BD encore cette année.

Mes plus gros coups de coeur ex aequo sont...

 

La femme aux cartes postales de Jean-Paul Eid et Claude Paiement
Luisa ici et là de Carole Maurel


Pas loin derrière, il y a...

  

Groenland Manhattan de Chloé Cruchaudet
L'apocalypse selon Magda de Chloé Vollmer-Lo et Carole Maurel

mardi 27 décembre 2016

L'heure est aux bilans : les romans québécois

J'aime beaucoup la littérature québécoise. Elle prend beaucoup de place ici. En 2016, j'ai lu 23 romans québécois. Il y a eu des valeurs sûres, quelques déceptions, de bonnes surprises et de vrais coups de coeur.

Mon coup de coeur de l'année est...


Autour d'elle de Sophie Bienvenu


Pas loin derrière, il y a...

  


Bondrée d'Andrée A. Michaud
L’orangeraie de Larry Tremblay


Demain et après-demain suivront d'autres petits bilans...

dimanche 25 décembre 2016

jeudi 22 décembre 2016

Comme un livre ouvert - Liz Kessler

Quatrième de couverture :

Ashleigh Walker est amoureuse. Au sens le plus intense et bouleversant du terme. Un amour inconditionnel qui la consume. De quoi oublier de s'inquiéter pour ses mauvais résultats scolaires. De quoi lui faire oublier le mariage de ses parents qui s'effondre. Il y a juste une chose qui la perturbe… Pourquoi n'est-ce pas Dylan, son petit ami qui la met dans cet état, mais plutôt Mademoiselle Murray, sa prof d'anglais ?


Il me prend assez régulièrement l'envie d'aller fouiner dans les nouveautés pour adolescents. Malgré mon âge, j'ai du plaisir à lire ces romans de temps en temps. Comme un livre ouvert aborde de belle façon deux principaux thèmes : subir le divorce de ses parents et découvrir son attirance pour les personnes du même sexe. Je suis étonnée que le divorce ne prenne pas plus de place dans le résumé, on l'aborde autant que l'homosexualité de l'héroïne.

Le roman est divisé en trois grandes parties. J'ai beaucoup aimé les deux premières. Ashleigh n'est pas sans faille et c'est ce qui en fait un personnage humain et attachant. C'est une adolescente qui tente d'être appréciée de tous. Ses réflexions empreintes d'empathie à propos de ses parents m'ont touché. Par contre, j'ai trouvé que la troisième partie était précipitée. Alors que l'auteure prend son temps pour développer les relations d'Ashleigh avec Dylan, Mlle Murray, Robyn et Cat, elle néglige celles avec Jayce et Taylor. Pourtant, elles sont importantes. Elle nous laisse aussi sur un événement marquant abordé à la va-vite. J'aurais aimé plus de pages pour cette finale qui était bien consistante !

Les jeunes lecteurs n'apprendront probablement rien de nouveau mais ceux qui vivent le divorce de leurs parents ou se questionnent sur leur orientation sexuelle verront qu'ils ne sont pas les seuls. Et ça, c'est déjà beaucoup. Je n'hésiterais pas à conseiller ce roman.

Comme un livre ouvert - Liz Kessler
Éditions Hugo et cie 2016
312 pages

mercredi 21 décembre 2016

L'apocalypse selon Magda - Chloé Vollmer-Lo & Carole Maurel

Résumé :

L'apocalypse annoncée il y a un an n'aura finalement pas lieu ! Tandis que l'humanité tout entière célèbre la nouvelle, Magda, 14 ans, est dévastée. Pourquoi ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière, à ce jour où Magda décide qu'elle mourra sans regrets. D'amours maladroites en paradis artificiels, sous le compte à rebours des saisons, la jeune fille se découvre à elle-même, dans un monde d'adultes dépassés par les événements.


Suite à ma lecture de Luisa ici et là, L'apocalypse selon Magda figurait dans mes bandes dessinées prioritaires à lire ! J'avais déjà hâte de découvrir cette héroïne adolescente au caractère fort. Je n'ai pas été déçue. L'apocalypse selon Magda est une BD intense et poignante.

Magda a 13 ans lorsqu'on annonce que la fin du monde aura lieu dans moins d'un an. Si certaines personnes décident de continuer à faire comme si rien n'était, d'autres changent drastiquement leur vie. Le père de Magda, amoureux d'une autre femme, quitte sa mère pour profiter des derniers jours pour être auprès de celle qu'il aime. La famille de sa meilleure amie Julie, elle, décide de partir en voyage. Les élèves se font de moins en moins présents à l'école puisque, de toute manière, "ils vont tous mourir". De son côté, Magda veut profiter de tout ce que la vie a à lui offrir. Elle désire faire ses propres expériences refusant toute forme d'autorité car elle n'a plus le temps d'attendre. Pour les lecteurs, la question est inévitable : et nous, que ferions-nous ?

Le récit est découpé en quatre parties, représentant les saisons de la dernière année. Le rythme et l'intensité augmente à mesure que la date butoir approche. C'est tout le monde qui s'écroule autour de Magda et qui devient de plus en plus violent. 

J'ai retrouvé avec plaisir les dessins colorés et expressifs de l'illustratrice Carole Maurel. Mais, malgré un graphisme sympathique, cette BD est très dure et s'adresse à des lecteurs matures. Sur son blogue, elle a annoncé deux collaborations qui sortiront en 2017 (en France du moins) dont une première, Collaboration horizontale, en janvier. Inutile de dire que je vais me jeter dessus aussitôt que je pourrai les trouver au Québec !
L'apocalypse selon Magda - Chloé Vollmer-Lo & Carole Maurel
Éditions Delcourt 2016
192 pages

dimanche 18 décembre 2016

Le film The Martian

En août dernier, j'ai lu le roman Seul sur Mars d'Andy Weir qui m'a complètement sortie de ma zone de confort. La science-fiction et moi, ça fait deux mais il m'intriguait car il semblait faire l'unanimité, fan de SF ou non. En conclusion : je l'ai dévoré ! Comme le film de Ridley Scott est très fidèle au livre, j'ai beaucoup aimé aussi.

J'avais des appréhensions par rapport à la narration car le roman est en grande partie un journal que tient l'astronaute Mark Watney laissé pour mort par son équipage sur Mars. J'ai aimé qu'il se filme avec son ordinateur et qu'il parle à haute voix. Il le fait pour laisser une trace de sa présence sur la planète rouge s'il meurt. Le procédé nous permet d'avoir accès à ses pensées sans avoir recours à une voix off par exemple. Avec ce personnage seul et amaigri, impossible de ne pas avoir une petite pensée pour Cast Away. Cependant, comme dans le roman, ce sont les scènes où il y a des interactions avec l'équipage d'Arès 3 ou les travailleurs de la NASA que j'ai le plus appréciés. 

Je ne m'y connais pas assez pour savoir si les décors et les effets spéciaux sont réalistes. Ils l'étaient sans doute juste assez pour que j'embarque sans trop me poser de questions. 

Selon moi, le roman est légèrement supérieur mais cette adaptation est un bon divertissement aussi. Et puis avec le film, on évite le looooooooong et pénible passage sur la culture des patates !

Mon billet à propos du roman : Seul sur Mars

vendredi 16 décembre 2016

La valise rose - Susie Morgenstern & Serge Bloch

Résumé :

On lui avait apporté des peluches, des mobiles, des jouets, des grenouillères, un cheval à bascule, une balançoire géante, parfaite pour un bébé de trois kilos, 437 grammes. Tout cela était considéré comme des cadeaux de naissance acceptables et bienvenus. Alors personne n'a compris quand grand-mère est entrée avec son cadeau à elle : une valise rose. Et pourtant, c'est bien de cet étrange doudou que le petit Benjamin ne se défera plus jamais.


La valise rose, c'est l'album qui saura plaire aux petits comme aux grands qui leur feront la lecture. Il aborde l'importance d'assumer ses goûts et ne pas se contenter d'être comme tout le monde par manque d'audace. Cette valise, avec une couleur malheureusement très genrée, accompagnera le jeune garçon dans toutes les étapes de sa vie : la première nuit chez un copain, le premier voyage en famille, etc. Et on boucle la boucle d'une très jolie façon.

J'aime quand les albums pour enfants ont un autre niveau de compréhension qui interpelle les adultes. Cette fois, ils s'intéresseront probablement davantage aux relations entre la grand-mère, son fils (le père) et sa belle-fille. Pas toujours évidentes, elles peuvent aussi se compliquer lorsqu'il est question d'éducation. Toutes ces personnes veulent le mieux pour l'enfant mais elles n'ont pas les mêmes idées et les mêmes croyances.

Le dessin naïf et particulier m'a plu. Les visages sont très expressifs. On pourrait les utiliser pour apprendre aux enfants à reconnaître les émotions.


La valise rose - Susie Morgenstern & Serge Bloch
Éditions Gallimard 2015
32 pages

mercredi 14 décembre 2016

Groenland Manhattan - Chloé Cruchaudet

Résumé :

Extrême Nord du Groenland, 1897. Une fois de plus, l'Américain Robert Peary n'a pas réussi à planter son drapeau au pôle Nord malgré l'aide de ceux qu'on appelle encore les Esquimaux. Mais pour l'explorateur, pas question de rentrer les mains vides. L'idée lui vient alors de ramener des souvenirs vivants, de vrais sauvages polaires en chair et en os. L'un d'entre eux, Minik, n'est encore qu'un enfant quand il embarque à destination de New York. 

Leur succès dès leur arrivée est immense. L'exotisme fascine. Muséum d'histoire naturelle, dont la cave sert d'hébergement de fortune aux hommes du Nord, sera quelques années plus tard le théâtre d'un drame qui trouvera un large écho dans la presse et dans la population. Car le destin de Minik est à bien égards symptomatique des cruels bouleversements du siècle qui commence.


Il était certain que je lirais Groenland Manhattan de Chloé Cruchaudet. J'avais tellement aimé Mauvais genre, ce n'était qu'une question de temps. C'est grâce à Moka qui en a parlé récemment qu'il a remonté dans ma pile. Ces deux albums sont différents mais ils ont tous les deux une profondeur, une sensibilité et un côté historique qui me plaisent beaucoup.

Je ne connaissais pas l'histoire de Minik et de sa famille appelés les "esquimaux de New York". Le destin de Minik est touchant et révoltant à la fois. Peary et son équipe lui ont tout enlevé mais ils ne le réalisent même pas ! C'est terrible ce qu'on a pu faire au nom de la science dans toutes sortes de contexte. On pense souvent à la Deuxième Guerre mondiale mais il y a malheureusement bien d'autres histoires sordides. La bande dessinée suffit à tout comprendre mais le dossier documentaire à la fin est un complément intéressant et pertinent. Mais, pouvez-vous m'expliquer pourquoi on écrit "museum" alors que tout le bouquin est en français ? Il est aussi question de perte identitaire. Chloé Cruchaudet a aussi bien transposé ce sentiment d'être devenu un étranger même dans son propre pays.

Le dessin est différent de ce qu'on a pu admirer dans Mauvais genre mais il a son charme. D'ailleurs, j'afficherais bien la planche du panorama de New York sur mon mur, elle est magnifique ! J'ai été surprise lorsque les personnages réfléchissent, leurs pensées apparaissent dans un dessin naïf très inventif.

Groenland Manhattan est un album à lire et un coup de coeur pour moi !

Un autre album de Chloé Cruchaudet sur mon blogue : Mauvais genre
Groenland Manhattan - Chloé Cruchaudet
Éditions Delcourt 2008
128 pages
Cette semaine, le récapitulatif des "BD de la semaine" se trouve chez Noukette.

lundi 12 décembre 2016

Le Pactole - Cynthia D'Aprix Sweeney

Quatrième de couverture :

Dispersée dans New York, la fratrie Plumb préfère s’éviter.

Jack, antiquaire endetté, rêve d’offrir à son conjoint un peu de tranquillité. Auteur d’un unique best-seller, l’ex-« Glitterary Girl » Beatrice rêve, elle, de retrouver l’inspiration. Quant à Melody, dont le mari peine à solder le prêt de leur maison, elle rêve d’un avenir luxueux pour ses jumelles adorées. À vrai dire, ils n’ont pas grand-chose en commun. Excepté « Le Pactole », une fortune léguée par leur père qui doit leur revenir aux quarante ans de Melody, dans cinq mois…

C’était sans compter l’accident de Leo, l’aîné, golden boy déchu : pour couvrir le scandale, les fonds ont été dilapidés, fauchant ainsi tous les espoirs.

Mais qu’attendre de l’égocentrique Leo ? Et de ces retrouvailles forcées ? Sinon une fiévreuse partie de poker menteur qui, en révélant les failles de chacun, va balayer les certitudes, et bouleverser leurs vies…


Le Pactole est un roman qui a eu énormément de succès chez nos voisin du sud. J'ai eu envie de le lire surtout pour en savoir plus sur la vie des habitants de New York. Cette famille est parfaite pour nous la faire découvrir.

Léo, Béatrice, Melody et Jack forment une fratrie discordante. Avec leurs personnalités fortes, ils ont de la difficulté à s'harmoniser et les secrets de famille sont nombreux. C'est pire depuis qu'un important montant d'argent promis par leur père, qui devait être également distribué, a été utilisé en totalité par l'un d'eux sans l'accord des autres. La disparition du Pactole (quel mot étrange) est donc l'élément déclencheur de toute cette histoire. Ayant planifié leur vie en fonction de ce Pactole, chacun devra trouver des solutions pour ne pas tout perdre.

J'ai apprécié la plupart des personnages; une écrivaine célibataire, un homme d'affaire excentrique, une mère de jumelles adolescentes (qui, elles, découvrent leur sexualité), un antiquaire homosexuel, un homme qui a perdu sa femme dans la tragédie du 11 septembre, etc.  Il est intéressant d'avoir plusieurs perspectives. Par contre, j'ai trouvé l'écriture un peu froide, elle nous tient émotionnellement à distance d'eux. 

C'est un roman tout à fait plaisant sans toutefois être marquant. On souligne sur la quatrième de couverture son potentiel cinématographique. Je suis d'accord, j'aimerais bien qu'il soit adapté.

Le pactole - Cynthia D'Aprix Sweeney
Éditions Fleuve 2016
432 pages

vendredi 9 décembre 2016

Le Noël de Marguerite - India Desjardins & Pascal Blanchet

Résumé :

Une dame âgée a renoncé aux fêtes de Noël. Ellepréfère désormais rester bien confortablement chez elle. Ainsi, elle ne risque pas de s’exposer à tous les dangers comme glisser sur un trottoir glacé, attraper la grippe ou se faire attaquer par un brigand. Au moment où elle s’apprête à prendre un repas bien tranquillement assise devant sa télévision, on sonne à sa porte...

Première collaboration très attendue pour India Desjardins et Pascal Blanchet. Le Noël de Marguerite une une jolie histoire sur l’isolement et le partage!


Chaque année, depuis trois ans, je vois ce titre mis en évidence sur les tablettes des librairies au mois de décembre. Avec sa jolie couverture et son titre (beau prénom), il me faisait de l'oeil depuis longtemps.

Je ne sais pas si, à la base, l'album s'adresse aux petits ou aux grands. Il s'adresse à qui voudra bien le lire ! En tant qu'adulte, j'ai été sensible aux sujets du vieillissement, de l'isolement et de la peur de mourir. J'ai tout de suite aimé Marguerite.  La vieille dame est toute mignonne ! Elle attire inévitablement notre sympathie.

Le livre en tant qu'objet est très beau aussi. La couverture sobre et élégante est à l'image du reste de l'album. Pascal Blanchet a un style personnel facilement reconnaissable. J'ai aussi aimé la page de garde aux motifs de canne en bonbon. 

La Pastèque ne m'a jamais déçue. D'autres beaux et bons albums de La Pastèque que j'ai lus : la série de Paul (Michel Rabagliati), Valentin (Yves Pelletier & Pascal Girard), Jane, le renard et moi (Fanny Britt & Isabelle Arseneault) ou encore, La femme aux cartes postales (Jean-Paul Eid & Claude Paiement).


Le Noël de Marguerite - India Desjrdins & Pascal Blanchet
Éditions La Pastèque 2013
72 pages

mercredi 7 décembre 2016

Melvile 2 (L'histoire de Saul Miller) - Romain Renard

Résumé :

Saul Miller, brillant universitaire, professeur d'astrophysique, passe sa retraite à Melvile. Auprès de Saul, il y a Paz et sa fille Mia, une jeune fille de onze ans que Saul aide dans ses devoirs. Il y a Beth et Daniel, ses amis et voisins. 
Et il y a eux. Des chasseurs venus d'ailleurs et qui rodent dans les bois.
Une discussion qui tourne mal, un sourire inquiétant et c'est le monde de Saul qui explose. Mais c'était sans compter qu'ici, à Melvile, certaines légendes prennent chair et corps bien plus facilement qu'ailleurs...


Melvile est une petite localité qui existe dans l'imaginaire du bédéiste Romain Renard et plusieurs personnages complexes et mystérieux y habitent. Dans le premier tome de Melvile, nous avions fait la rencontre de Samuel Beauclair. C'était au tour du professeur Saul Miller d'être le centre de l'attention dans ce deuxième tome. Il est important de mentionner que chaque album peut se lire indépendamment et dans n'importe quel ordre. La petite localité de Melvile et l'atmosphère sont les seuls liens qui les unissent. 

Ce deuxième tome se lit comme un thriller. La tension augmente au fil des pages jusqu'à un point de non-retour. Saul Miller, solitaire et tourmenté, est un personnage intéressant même il n'a pas su me toucher autant que Samuel Beauclair.

Romain Renard excelle pour créer une ambiance mystérieuse et inquiétante. Encore une fois, il m'a transportée avec des paysages majestueux. Ses décors sont tellement bien faits qu'on pourrait croire qu'il s'agit de photographies. Les jeux de lumières sont incroyables. J'ai été subjuguée par les planches représentant le feu de forêt.

Cet album est encore une belle réussite même si je n'ai pas eu un gros coup de coeur comme à la lecture du premier. Je me réjouis de savoir que Romain Renard travaille sur un troisième album.
Melvile 2 (L'histoire de Saul Miller) - Romain Renard
Éditions Le Lombard 2016
208 pages

Cette semaine, le récapitulatif des "BD de la semaine" se fait chez Moka.

jeudi 1 décembre 2016

Je n'ai jamais embrassé Laure - Kiev Renaud

Quatrième de couverture :

Laure est belle, Florence ne l’est pas. Pourtant, elles vivent et s’aiment comme des âmes sœurs, peut-être un peu plus. Leur désir et leur affection ne s’atténuent pas avec le mariage de Florence, puis la naissance de Cassandre, qui aura son mot à dire et voudra, elle aussi, tenir le rôle dans cette pièce aux miroirs.

Le livre que propose Kiev Renaud ne révèle pas tout ; il en dit juste assez pour que le lecteur puisse participer à la construction d’une histoire livrée sous forme de tableaux. On y trouve des fillettes qui jouent aux prostituées, font visiter une maison vide à un inconnu, s’imaginent avoir été kidnappées. Le danger y est souvent frôlé, mais surtout en pensée et par le langage. Ce que le roman veut raconter n’est pas dans l’aventure, mais dans la relation ambiguë qui s’établit entre les personnages féminins mis en scène. Une écriture fine, précise, retenue vous attend dès la première nouvelle, qui a valu à son auteure de remporter le Prix du jeune écrivain de langue française 2015.

Au fait, ne croyez pas tout ce qu’elle dit : Florence a peut-être embrassé Laure.


Ce livre de Kiev Renaud est magnifique. Je dis "livre" car je ne sais pas comment le qualifier. Trois narratrices se succèdent : Florence, Cassandre et Laure. Chacune d'elle, avec sa personnalité, raconte des fragments de sa vie. S'agit-il d'un roman par nouvelles ? D'un recueil de nouvelles ? Ou d'un roman choral ? Je ne sais pas mais peu importe. Je n'ai jamais embrassé Laure est un petit livre chargé d'émotions, de non-dits et de belles images. Tout ce que j'aime ! Et puis, quelle plume ! Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre une aussi belle écriture toute en finesse et en subtilités.

Je ne veux pas trop en dire à propos d'un livre trop très court mais Kiev Renaud est assurément une auteure que je suivrai dans le futur. Elle a ce qu'il faut pour devenir une de mes plumes québécoises préférées.

Je n'ai jamais embrassé Laure - Kiev Renaud
Éditions Leméac 2016
88 pages

vendredi 25 novembre 2016

Ceci n'est pas de l'amour - Sophie Bienvenu

Quatrième de couverture :

Ceci n’est pas un journal.

Ceci n’est pas un meurtre, ni un viol, ni une bouche. Surtout pas un rêve ou une fantaisie. Nous sommes en poésie, les visages se multiplient au même rythme que les corps, la vie, les plaies et toutes les fleurs dehors: cela défile, cela est vrai. Sophie Bienvenu parle d’amour.

Première incursion de l’auteure dans la forme poétique, ce recueil au sens propre s’impose comme une radiographie des passions. On tourne autour, on s’irradie pour mieux apercevoir le squelette des verbes Aimer, Fuir et Prendre. « Je ne suis pas le genre de fille/à me protéger de la pluie ».


Je ne vais pas prétendre m'y connaître en poésie. Je n'en lis presque pas (sauf  les poèmes sur les murs de ma ville). Mais, quand un auteur que j'aime publie un recueil, j'ose. J'avais le goût de lire Ceci n'est pas de l'amour car j'aime tout ce que fait Sophie Bienvenu. J'aime ses mots. Ils ne sont pas souvent tendres, pas toujours beaux mais ils sont toujours justes. Et certains sont étonnamment, et malheureusement, d'actualité :

"Non
Trois lettres
Deux en fait
Un enfant aurait compris
Un chien aussi
Dans mon encyclopédie des monstres
Laisse-moi vérifier
Lequel tu es"

De Sophie Bienvenu, sur mon blogue :  Chercher SamEt au pire, on se mariera et Autour d'elle.

Ceci n'est pas de l'amour - Sophie Bienvenu
Éditions Poètes de brousse 2016
80 page

mercredi 23 novembre 2016

Luisa, ici et là - Carole Maurel

Résumé :

D’un côté, il y a Luisa, 33 ans, photographe culinaire célibataire et incapable de vivre plus de quelques semaines avec un homme. De l’autre, Luisa, 15 ans, des rêves plein son sac à dos, une folle envie de trouver l’amour et de vivre de la photographie… Mais aussi des sentiments inassumés pour Lucie, sa copine homosexuelle.

Un jour, aussi invraisemblable que cela puisse lui paraître, la Luisa adulte voit débarquer sur le pas de sa porte l’ado qu’elle était ! Cette rencontre sera décisive pour la jeune femme car elle fera remonter à la surface des frustrations trop longtemps enfouies.

Un récit initiatique à rebours, qui entraîne le lecteur dans une quête intime de réalisation personnelle, porté par le trait joueur et les couleurs pleines de vie de Carole Maurel. Un procédé de paradoxe temporel exploité avec brio !


J'ai pioché cette bande dessinée dans les nouveautés de ma bibliothèque. Je n'en attendais rien de particulier. J'ai été surprise d'embarquer totalement dans l'histoire et ce, dès les toutes premières pages.

Luisa est une jeune trentenaire célibataire. Un jour, elle voit débarquer dans son immeuble une adolescente qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Étrangement, la jeune fille affirme vivre dans les années 90; elle n'a que des Francs sur elle, se balade avec un walk-man et achète des cartes d'appel pour téléphoner. Nous découvrons rapidement que l'adolescente qui a traversé le temps, c'est elle-même, Luisa à 15 ans venue rendre visite (malgré elle) à la femme qu'elle est devenue.

D'abord, l'idée de départ crée des situations loufoques qui m'ont bien rire. Puis, après le côté léger, une vraie réflexion s'installe avec son lot de questions. Que dirait l'adolescente que j'ai été de la femme que je suis présentement ? Est-ce que j'ai réalisé ses rêves ou ai-je pris un chemin complètement différent ? L'idée a été très bien exploitée du début à la fin. J'étais aussi adolescente dans les années 90. Mon appréciation a certainement été influencée par tous les points communs que je partage avec Luisa.

Le dessin, beau et coloré, est invitant. Je ne connaissais pas Carole Maurel mais je me pencherai sur son travail avec plaisir. J'ai déjà noté L'apocalypse selon Magda.

Une très, très bonne surprise !
Luisa, ici et là - Carole Maurel
Éditions La boîte à bulles 2016
272 pages
Cette semaine, le récapitulatif des "BD de la semaine" se trouve chez Mo.

dimanche 20 novembre 2016

Prague - Maude Veilleux

Quatrième de couverture :

«Le livre avait beau parler du couple ouvert au début, ce n'est plus tout à fait le sujet. Le sujet, c'était je-ne-sais-plus-trop-quoi. Le sujet, c'était mon angoisse à ne plus aimer quelqu'un qui m'avait sauvée, qui avait tout pour me plaire, qui m'aimait, que j'aimais. Ne plus aimer quelqu'un que j'aimais et aimer un autre, un imparfait, un inconnu. Ne plus aimer l'homme que je voulais aimer pour toujours. J'hésite à l'écrire: ne plus aimer l'homme que j'avais voulu aimer pour toujours.»


J'ai commencé ma lecture de Prague avec beaucoup d'attentes. J'avais bien aimé Le vertige des insectes. Les premières pages se laissaient lire mais je ne les trouvais pas à la hauteur.

C'est à la page 65, lorsque l'auteure cite Annie Ernaux avec un extrait de L'écriture comme un couteau, que j'ai compris où elle s'en allait. Il y a eu un gros déclic dans ma tête. Le roman a alors pris une toute autre dimension. À partir de là, je l'ai dévoré presque sans respirer, en apnée, comme l'héroïne.

La réflexion sur le roman et le processus d'écriture est ce que j'ai préféré dans Prague. Ensuite, j'ai apprécié que la réalité s'emmêle à la fiction. Le personnage principal semble si près de l'auteure qu'on ne peut plus distinguer le vrai du faux. J'aime croire qu'il y a du vrai là-dedans, qu'il s'agit d'une autofiction impudique et que l'expérience a été vécue réellement. Et si ce n'est pas le cas, ne me le dites pas.

Déjà, après deux romans, on peut dire que Maude Veilleux a un style bien à elle. On décèle aussi quelques thèmes récurrents dans ses projets : sa fascination pour le Yukon, sa peur de la solitude, sa tendance à la dépression et son attirance pour la mort. Il faut s'accrocher pour la lire mais ça vaut le coup !

Prague - Maude Veilleux
Éditions Hamac 2016
114 pages

mercredi 16 novembre 2016

Elle nage - Marianne Apostolides

Quatrième de couverture :

À Loutra, en Grèce, Kat plonge dans ses souvenirs. Elle nage : 39 longueurs – une pour chaque année de sa vie. Défiant la viscosité de l’eau comme de sa mémoire, elle file vers son passé : son enfance, sa fille, sa faute. Un, deux, trois, respire : son mariage est à l’eau. Si seulement elle parvient à cerner le moment précis où tout a sombré, elle saura quoi faire. Elle nage sous tension, cherchant la fin. Lorsqu’elle s’arrête pour reprendre son souffle, Kat regarde Melina, sa fille de 14 ans, flirter avec Achilles, un jeune Grec, au bord de la piscine. Elle voit naître en eux le désir, cette joie de ressentir le possible sans nom.

Marianne Apostolides signe un roman richement ponctué, rappelant le rythme de la nage : l’histoire d’une femme prête à se jeter dans l’inconnu, nous entraînant avec elle.


J'aimais le titre, j'aimais la couverture, j'ai pris ce livre sans savoir à quoi m'attendre. J'y ai découvert un beau roman d'une auteure canadienne que je ne connaissais pas du tout.

Je dois dire que le début m'a paru un peu brouillon. Il m'a fallu un moment pour avoir quelques repères et m'habituer aux signes de ponctuations abondants. Puis, sans forcer, je me suis laissée aller dans cette écriture rythmée par les mouvements, les respirations et les longueurs de piscine qui s'accumulent. Elle est parfois fluide, parfois plus saccadée mais toujours élégante.

Elle, c'est Kat. Kat nage dans une piscine de Loutra en Grèce. Sa séance de natation en devient une d'introspection. À l'aide de fréquents retour en arrière, elle tente de comprendre ce qui l'a menée là pour entrevoir le futur. Ses réflexions sont pêle-mêle, comme elles lui viennent en tête.

Elle nage est un roman très particulier qui m'a fait découvrir une auteure à la plume magnifique.

Elle nage - Marianne Apostolides
Éditions La Peuplade 2016
134 pages

dimanche 13 novembre 2016

Non mais... quelle surprise !

Hier soir, j'ai commencé à lire Prague de Maude Veilleux. J'ai lu une trentaine de pages avant de m'attarder un peu sur le livre en tant qu'objet (que je trouve très beau). J'étais très loin de me douter qu'à la toute fin, je trouverais un extrait de mon commentaire à propos du premier roman de Maude Veilleux Le vertige des insectes. Imaginez ma surprise, Les lectures de Marguerite sont à l'intérieur ! Impossible de fermer l’œil après ça !



Ça me fait plaisir (car je suis très, très loin d'être une critique professionnelle) mais je suis quand même étonnée. Blogueur, blogueuse, est-ce qu'il vous est déjà arrivé de trouver vos propos quelque part comme ça?

jeudi 10 novembre 2016

The Girls - Emma Cline

Quatrième de couverture :

Evie Boyd, adolescente rêveuse et solitaire, vit au nord de la Californie à la fin des années 1960. Au début de l'été, elle aperçoit dans un parc un groupe de filles. Interpellée par leur liberté, elle se laisse rapidement hypnotiser par Suzanne et entraîner dans le cercle d'une secte. Elle ne s'aperçoit pas qu'elle s'approche à grands pas d'une violence impensable. Premier roman.


The Girls est probablement mon plus grand coup de coeur de l'année 2016 jusqu'à maintenant (notez que nous sommes quand même en novembre). 
Ce sera tout pour l'introduction.

The Girls est fortement inspirée de celles de l'Affaire Charles Manson. L'auteure, Emma Cline, ne s'en cache pas. Elle a mentionné qu'en lisant à propos de cette affaire, elle avait trouvé très peu d'information à propos des filles, pourtant nombreuses, qui vivaient dans la commune. Elle s'est intéressée à elles pour écrire ce roman plus que réussi.

Pour raconter l'existence de ces Filles, Emma Cline a mis en scène une adolescente californienne, Evie Boyd. C'est un personnage fictif qu'elle a créé. En 1969, Evie est esseulée depuis le divorce de ses parents. Son existence lui semble morne alors qu'elle voudrait "vivre plus". Elle commence à avoir conscience de son corps, de son propre désir et de celui qu'elle a maintenant le pouvoir de créer chez les autres. Grâce à un récit intimiste, l'auteure s'est penchée sur la psychologie de l'adolescente de manière si juste et intelligente que le personnage semble prendre réellement vie sous nos yeux.

Emma Cline possède un sens de l'observation incroyable grâce auquel son écriture se démarque. Elle a quelque chose de juvénile tout en étant très précise. Dès les premières phrases, elle m'a envoûté et ce, jusqu'aux dernières lignes. Les descriptions sont puissantes et riches. Elle a même le pouvoir de rendre la laideur attirante et poétique. Je la relirai, c'est certain.

Même si nous connaissons la fin, elle nous bouleverse. Mais, il faut surtout lire ce roman pour le voyage initiatique qu'il offre, le trajet déroutant qui mène à cette atroce scène. Je l'ai terminé il y a quelques jours et depuis, je l'ai toujours en tête. À lire en écoutant Freak de Lana Del Rey.

Troublant. Fascinant. Bouleversant.

The girls - Emma Cline
Éditions La Table ronde 2016
336 pages

mercredi 2 novembre 2016

Dracula - Bram Stoker

Quatrième de couverture :

Jonathan Harker, jeune notaire, est envoyé en Transylvanie pour rencontrer un client, le Comte Dracula, nouveau propriétaire d'un domaine à Londres. A son arrivée, il découvre un pays mystérieux et menaçant, dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Très vite, il se rend à la terrifiante évidence: il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...

Grand classique de la littérature de vampires, best-seller de tous les temps après la Bible, "Dracula" est une source d'inspiration inépuisable.


En octobre, depuis quelques années déjà, je lis des classiques d'épouvante : Carmilla, Frankenstein, Le fantôme de l’Opéra, L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mr. Hyde, etc. C'était au tour du mythique Dracula cette année. Il serait inutile de faire un résumé de cette oeuvre mais je tiens tout de même à vous partager mon appréciation.

Comte Dracula, Dr. Van Helsing, Jonathan Harker, nous avons tous déjà entendu ces noms mais peut-être que vous avez de fausses représentations en tête comme moi avant ma lecture. Découvrir leur véritable histoire a été un plaisir en ce temps d'Halloween ! Renfield, l'homme interné dans un asile qui mange des mouches et des araignées, est aussi un personnage savoureux que j'ai adoré.

Dracula est presque uniquement composé de journaux intimes et de lettres des différents personnages. J'avais peur que le style épistolaire rende très ardu la lecture de ce roman (qui fait quand même plus de 500 pages). Il n'en est rien. L'écriture de Bram Stoker se lit très bien malgré l'époque. L'atmosphère est envoûtante dès les premiers chapitres. Le fantastique y est présent par petites doses ce qui, selon moi, le rend plus crédible. Nous sommes davantage dans la suggestion que dans l'action.

J'ai seulement été un peu déçue du sort réservé aux personnages féminins qui sont, à chaque fois, des victimes du Comte ou des êtres faibles que les hommes doivent protéger. Si, par bonheur, l'une d'elles est intelligente et brave, on dit d'elle qu'elle "a le cerveau d'un homme". Mais, je ne ferai pas ma féministe avec un roman du IXe siècle, nous n'en sommes plus là.

Bref, j'ai adoré ce classique. J'ai lu une vieille édition qui date de 1963 qui avait beaucoup de charme. Voyez par vous-même !

Dracula - Bram Stoker
Éditions 
507 pages

lundi 24 octobre 2016

J'ai vu (moi aussi) Stranger Things (Saison 1)


J'ai gardé mes gros coups de coeur pour la fin de ce Challenge d'Halloween. Voici mon tout dernier en matière de série télévisée : Stranger Things.

L'histoire se déroule dans une petite ville américaine, Hawkins, pendant les années 80. Dès le premier épisode, un jeune garçon disparaît mystérieusement. Ses trois meilleurs amis tentent de découvrir ce qu'il lui est arrivé malgré les mises en garde de leurs parents qui voudraient bien qu'ils laissent cette tâche au shérif Jim Hopper et à son équipe. Bien vite, nous réalisons qu'il ne s'agit pas d'une simple disparition. Il y a aussi cette étrange fille en jaquette d'hôpital au crâne rasé, le Laboratoire national d'Hawkins et ses gens qui se font passer pour ce qu'ils ne sont pas...

Depuis sa sortie sur Netflix en juillet dernier, Stranger Things est une des séries les plus regardées. C'est qu'elle plait autant aux nostalgiques des années 80 qu'aux plus jeunes qui n'ont pas connu cette époque. Les références aux œuvres d'épouvante sont nombreuses : E.T., Poltergeist, ItThe Thing, etc. La série a un je-ne-sais-quoi de l'univers de Stephen King aussi. Une grande attention a été portée aux décors, aux costumes ainsi qu'à la bande sonore. L'esthétisme de cette série est irréprochable.

Ce qui est génial également c'est d'avoir intégré des personnages d'enfants (Mike Lucas, Dustin et Eleven), d'ados (Nancy, Steve, Jonathan et Barbara) et des adultes (Joyce et Jim) et qu'ils soient tous aussi intéressants. Il n'y a aucun moment plat dans ces huit épisodes. Une deuxième saison devrait être disponible l'année prochaine.

Pour de bons frissons, je vous recommande chaudement cette série mais... ne me dites pas la fin ! Il me reste un épisode à voir, je me le réserve pour la fin de semaine de l'Halloween. 

mercredi 19 octobre 2016

Hôtel particulier - Sorel

Résumé :

De nos jours, une jeune femme se suicide dans son appartement… mais ce n’est que le début de son histoire. Sous le regard d’un chat complice, manifestement capable de continuer à la voir, elle se met à hanter l’immeuble où elle a vécu, témoin involontaire mais intéressé du quotidien intime de ses anciens voisins. Ici un couple illégitime vit une passion charnelle, avec la complicité un peu perverse du mari trompé, là ce sont des parents dévorés d’angoisse face à la disparition inexplicable de leur petite fille, ou encore ce solitaire apparemment capable de faire surgir d’incroyables bacchanales des trésors de sa bibliothèque – sans oublier un jeune peintre sans le sou pour lequel la défunte ressent manifestement une attirance certaine… 

À l’opposé d’un fantastique oppressant, tout en empathie et en délicatesse, Guillaume Sorel invite son lecteur à accompagner l’errance de ce séduisant fantôme un peu mélancolique, avec une tonalité poétique très fidèlement transcrite par un dessin au lavis parfaitement maîtrisé. Au terme du voyage, l’amour triomphera de la mort.


Cette semaine, je vous présente une bande dessinée qui n'a rien de bien effrayant. Cependant, par ses thèmes, son univers et son atmosphère mystérieuse, je trouve qu'elle cadre bien dans ce mois d'octobre.

Dans les premières pages, Émilie, une jeune femme, se suicide dans son bain. Quelques jours plus tard, son corps est découvert puis transporté mais son âme, elle, continue d'errer dans cet hôtel particulier. Après quelques jours de solitude, elle découvre qu'elle a le pouvoir d'entrer en communication avec un chat. Ensemble, ils observeront les habitants de l'immeuble dans leur intimité. Le lecteur devient donc aussi un voyeur dans les appartements d'un peintre amoureux, d'un couple qui commet l'adultère, d'une vieille sorcière, de la famille d'une fillette disparue et d'un homme obèse toujours en très bonne compagnie...

Mis à part le fantôme d'Émilie, il y a d'autres manifestations fantastiques. Il se passe plusieurs choses étranges et inexplicables dans cet immeuble ! Le dessin en noir et blanc est joli et il aide à rendre l'atmosphère envoûtante. L'album est aussi rempli de petits et gros clins d’œil au monde littéraire que ce soit par des extraits d’œuvres ou des personnages. Par contre, je dois dire qu'à certains moments, j'étais un peu perdue, je ne comprenais plus où l'on voulait en venir. 

Malgré quelques flous dans la narration, j'ai apprécié l'univers bien particulier de cet hôtel !
Hôtel particulier - Sorel
Éditions Casterman 2013
102 pages


mercredi 12 octobre 2016

Elizabeth Bàthory - Croci

Résumé :

En Hongrie, au XVIe siècle, des jeunes femmes disparaissent et des rumeurs incriminent la comtesse, qui organiserait des orgies, torturerait ses victimes, puis se baignerait dans leur sang afin de gagner la jeunesse éternelle. Un encart documentaire évoque le mythe de la première femme vampire et propose une relecture du procès d'E. Bathory, peut-être victime d'un complot dynastique.



On dit que Le Fanu se serait inspiré d'Elizabeth Bàthory, qui aurait réellement existée, pour écrire la légendaire histoire de Carmilla. Ayant déjà lu et apprécié ce classique, il ne m'en fallait pas plus pour me donner envie de lire cette bande dessinée à la couverture somptueuse. Malheureusement, malgré certaines qualités, je n'ai pas aimé.

Je ne connaissais pas du tout le travail de Croci. J'ai appris qu'il a fait plusieurs bandes dessinées sur des personnages historiques légendaires comme Dracula ou même Carmilla. Son style de dessins est parfait pour ce genre d'histoires. Il y a une atmosphère lugubre qui s'en dégage. Les paysages qui s'étendent sur deux pages sont particulièrement réussis. 

Cependant, la narration ne m'a pas accrochée. J'avais aussi du mal avec le fait de voir, sur une même page, des images qui n'avaient pas de liens avec ce que je lisais. Je n'ai pas trouvé les scènes sexuelles pertinentes pour l'histoire non plus. Je ne suis pas dérangée habituellement par la sexualité dans les livres si elle a sa raison d'y être mais je l'ai été cette fois.

Bref, je ressors de ma première lecture "halloweenesque" plutôt déçue. J'espère maintenant que la suite soit plus emballante !

Elizabeth Bàthory - Croci
Éditions Emmanuel Proust 2009
72 pages

Cette semaine, le récapitulatif des "BD de la semaine" se fait chez Noukette.