mercredi 26 janvier 2011

Confessions (Magasin général T.4) - Loisel et Tripp

Résumé :

"Dans un panier, 'y a des pommes... Des belles pommes toutes rouges...
Pis un beau jour, un ver tombe dans le panier...
Le ver attaque la plus belle des pommes, il commence à la gruger...
Il rentre dedans, il gruge, il gruge...
À un moment donné, le ver a fait son chemin jusqu'au coeur de la pomme...
Pis la pomme commence à s'gâter...
Ça fait qu'c'est là qu'on est rendu : à c'te heure, la pomme est pourrit !
... Pis dans pas longtemps, c'est tout le panier qui va l'être... "

Une comédie truculente dans la campagne québécoise des années 20, distillée par Régis Loisel (La Quête de l'oiseau du temps, Peter Pan) et Jean-Louis Tripp (Jacques Gallard, Paroles d'Anges). Réalisant ensemble le scénario aussi bien que le dessin, Loisel et Tripp ont conjugué leurs talents pour donner naissance à un auteur virtuel.


La sortie du sixième tome dans les librairies m'a donné envie de retourner voir comment va la vie du côté de la petite municipalité de Notre-Dame des Lacs. Après le retour des hommes, les choses n'ont pas beaucoup changé. Chacun fait sa "p'tite affaire" mais ne peut se retenir de se mêler de la vie des autres. D'ailleurs, on espère toujours un mariage entre Marie et Serge et le commérage à ce sujet bat son plein.

Si je trouve qu'à chaque tome il manque un petit quelque chose au scénario, j'ai toujours envie de revoir les personnages auxquels je me suis attachée. J'aime particulièrement suivre les péripéties de Serge et de Gaétan. Le rythme est lent dans cet album comme dans les précédents mais je commence à m'y faire et à m'y plaire. Puis je ne vous le cacherai pas, si j'aime Magasin Général, c'est surtout pour le côté visuel qui est toujours aussi superbe. C'est une série que je poursuivrai, j'ai déjà emprunté la suite qui s'intitule Montréal.
Pour faire un tour chez les autres participants de la BD du mercredi, c'est chez Mango!

vendredi 21 janvier 2011

2 nouveaux défis

Le 31 décembre dernier, lors de mon bilan, j'avais décidé de ne participer qu'à un défi en 2011 puisqu'en 2010 je n'en ai réussis que 2 sur 4. J'ai choisis celui de la BD du mercredi de Mango pour découvrir le 9ème art. Jusqu'à maintenant, j'ai participé quatre semaines sur quatre, c'est bien parti !

Ma décision n'a pas tenu longtemps, déjà 2 autres défis s'y sont joints en moins d'un mois. J'ai quand même quelques raisons pour me défendre.

1. Je devais continuer le défi de La plume québécoise, que j'avais réussi, avec J'aime lire la plume québécoise de Suzanne. J'ai quelques romans québécois dans ma petite PAL et j'en ai énormément dans ma LAL. Il faut bien faire connaitre des romans de chez nous, non ?

2. Le défi de Theoma n'en est pas vraiment un car j'ai déjà noté plusieurs BD dessinées ou écrites par des femmes pour la BD du mercredi. Je ferai donc une pierre deux coups certaines semaines. Et puis, même si vous ne souhaitez pas participer, aller lire le billet de Theoma qui est très intéressant, plein d'informations et de suggestions BD.

mercredi 19 janvier 2011

Couleur de peau : miel (tome 2) - Jung

Résumé :

À 14 ans, Jung aborde la difficile période de l’adolescence, l’âge où certains rejettent leur famille pour mieux trouver leur personnalité. Comme Jung est du genre radical, son rejet sera intense ! Ce sera toutefois pour mieux découvrir les autres : les amis, dont certains sont des coréens adoptés aussi. Et puis les filles : Jung a un certain succès auprès d’elles et lui leur porte un intérêt prononcé.


Enfin, se libère en lui une véritable passion pour le dessin... Mais en même temps que l’enfant devient jeune homme grandit une sorte de désespoir. Ce désespoir, tous les enfants adoptés de son entourage semblent l’expérimenter, et pour certains, il sera même fatal. Au combat pour trouver une place dans un environnement familial succède celui de s’accepter tel qu’il est. Il le mènera au seuil de sa vie d’homme.


Si le premier tome ne m'avait pas complètement convaincu, pour une raison que j'ignore toujours, ce deuxième tome vient de le faire. Le petit Jung n'était pas parvenu à me toucher mais le Jung adolescent l'a fait très rapidement. Au bout de quelques pages seulement, j'étais complètement embarquée dans son histoire, dans sa vie. Il la raconte magnifiquement bien.
On sent, derrières ces pages, tout le travail de réflexion que l'auteur a dû fait pour nous transmettre les bonnes émotions au bon moment. Une belle sensibilité ressort de son personnage. Adolescents, la vie nous semble déjà difficile car nous sommes tous à la recherche de notre identité. J'ai du mal à m'imaginer ce que ça peut être lorsque qu'en plus on ne connait pas ses racines. J'étais vraiment désolée de découvrir le destin des autres jeunes coréens adoptés de son école. C'est un passage qui m'a bouleversé. Cependant, n'ayez pas peur, l'histoire de Jung, elle, est porteuse d'espoir et plusieurs passages sont moins lourds alors que Jung vit, entres autres, ses premiers émois amoureux.

J'espérais que Jung retourne en Corée dans ce deuxième tome mais je comprends son choix. Je le remercie encore de nous offrir son histoire comme ça, sans censure. Ce sont des livres à offrir à tous les enfants adoptés et à leurs parents.

Pour lire les billets des autres participants de la BD du mercredi, c'est chez Mango !

dimanche 16 janvier 2011

Le froid modifie la trajectoire des poissons - Pierre Szalowski

Quatrième de couverture :

4 janvier 1998. Un garçon de dix ans apprend que ses parents vont se séparer. Désespéré, il demande au ciel de l’aider. le lendemain débute la plus grande tempête de verglas que le Québec ait jamais connue.

Ce déluge de glace n’empêche pas son père de quitter la maison. Mais pour ses voisins, des évènements incroyables ou anodins font en sorte que leurs vies basculent peu à peu. Julie, danseuse en mal d’amour, accueille chez elle Boris, scientifique égocentrique, qui ne vit que pour ses expériences sur les poissons; Michel et Simon, les deux « frères » si discrets, qu’on ne voit jamais ensemble, ouvrent leur porte à Alexis, leur voisin homophobe.

Face à l’adversité, des liens se créent; face au froid, l’entraide, la solidarité et l’altruisme enflamment les cœurs. Notre héros, lui, ne sait pas trop où le ciel veut en venir jusqu’au moment où son père, victime d’une mauvaise chute à cause du verglas, n’a d’autre solution que de réintégrer le toit familial, les deux bras dans le plâtre. le Grand verglas va progressivement changer la vie de tous les habitants de cette rue, pour le meilleur.

Je voulais lire ce roman depuis un bout de temps déjà. C'est la crise du verglas comme toile de fond qui m'avait attirée. Cet évènement a marqué tous les québécois. Certains y ont "goûtés" plus que d'autres mais tous s'en souviennent. Pour ma part, j'avais presque le même âge en 1998 que le jeune garçon (qui n'est pas nommé) donc je pouvais m'imaginer facilement ce qu'il ressentait. Nous avions aussi eu congé d'école pendant 4-5 jours. N'ayant plus d'électricité, bon nombre de personnes de ma famille s'étaient réunis chez mes grands-parents qui avaient un poêle pour chauffer la maison. Je me souviens surtout des soirées passée en famille à jouer à des jeux de société et au "toc" à la lueur des chandelles. Étant enfant, je n'étais pas trop préoccupée par tout ça et bizarrement, je garde un très bon souvenir de ces moments.

Dans Le froid modifie la trajectoire des poissons, nous revivons la crise du verglas avec une galerie de personnages très différents mais qui ont un point commun : ils habitent la même rue. Il y a le jeune narrateur, ses parents en instance de divorce, son ami Alex, Alexis son père homophobe, Julie une jeune danseuse, Boris un mathématicien russe et, finalement, Michel et Simon un couple gai. Ils se connaissent peu au départ mais c'est lors de cet évènement qu'ils feront plus ample connaissance alors que solidarité oblige. Ces personnages sont intéressants et j'ai eu beaucoup de plaisir à les suivre pendant ces quelques jours glacés. Cette courte histoire, pleine d'humanité, est très agréable à lire. Le style d'écriture m'a plus ou mois plu par contre. Il manque un peu de finesse. En revanche, il est très imagé et il était facile de visualiser les scènes comme si un film se déroulait dans ma tête. D'ailleurs, j'aimerais bien qu'on l'adapte au cinéma. Il me semble que ça ferait un bien joli film sur une petite parcelle de notre histoire à nous, les québécois.



J'aime lire la plume québécoise

mercredi 12 janvier 2011

Chaque chose - Julien Neel


Résumé :

Un petit garçon passe des vacances inoubliables avec son papa, qui est magicien. Des années plus tard, le papa magicien est gravement malade et le petit garçon n'en est plus un. Les deux récits s'entremêlent et se répondent étrangement, forment une aventure dont les super-héros sont des gens ordinaires.

Une vision généreuse du monde - jamais mièvre -, un optimisme - malicieux - servis par un style ludique. En lecteur assidu de Perec et de Queneau, Julien Neel apporte un soin talentueux à la structure de ses histoires. Chaque chose en est la brillante illustration où, de manière singulière et sensible, il aborde le thème de la filiation.
Les suites de Lou ! n'étant pas disponibles à la bibliothèque, j'ai opté pour découvrir cet album de Neel. Pour une découverte, c'en fut toute une ! L'auteur se dévoile sous un tout nouvel angle.

Dans Chaque chose, il y a deux histoires qui se chevauchent. Au début, on y rencontre un fils et son père qui se retrouvent le temps d'un été après avoir été séparés à cause de ce que je crois être un divorce. Ils devront rattraper le temps perdu. Plus tard, on retrouve ces deux personnages alors que le père est hospitalisé et que son fils, devenu un homme, est à son chevet. La beauté du récit réside dans cette relation père-fils. Le père, un homme fier, ne semble pas toujours savoir comment se comporter mais on ressent tout l'amour qu'il a pour son garçon et son désir d'être un modèle pour lui. Je crois que c'est autobiographique mais je n'ai pas fouillé pour vérifier si tout est vrai. J'aime croire que ça l'est.

Les dessins sont très différents de ceux de Lou ! Je ne m'y connais pas encore beaucoup mais je dirais qu'ils sont plus bruts. Le fond noir rend aussi l'album plus sombre. Les couleurs, le fond et les dessins s'agencent parfaitement au genre d'histoire que Neel y raconte.

Finalement, je préfère l'univers léger et coloré de Lou ! mais Chaque chose est vraiment intéressant ne serait-ce que pour découvrir une nouvelle facette de Neel. Mais il nous propose plus que ça, évidemment, il nous offre une relation père-fils touchante.




Pour lire les billets des autres participants, allez chez Mango !

mercredi 5 janvier 2011

Couleur de peau : miel (tome 1) - Jung

Résumé :

Jun Jung-sik errait dans les rues de Séoul quand un policier l’a pris par la main pour l’emmener au Holt, un orphelinat américain. Il avait alors 5 ans. Quelques photos, un rapport d’orphelinat… Ses souvenirs tiennent à un fil. Mais les questions le taraudent.

2007 : Jung décide de remuer les souvenirs ou les fantasmes de sa vie, en tout cas d’en finir avec une certaine période teintée de l’incertitude qui ronge. Il se raconte dans ce récit terriblement intime : sa survie en Corée, sa nouvelle famille belge. Une adoption pas toujours très réussie, contrairement à d’autres gamins. Mais cette histoire est la sienne : il a grandi avec, s’est construit avec, jours après jours, vaille que vaille. Les fous rires, les drames, le quotidien, les bêtises de gosses et les questions sans réponses… Sans aucune réponse ?
J'ai beaucoup hésité avant d'écrire ce billet. Cet album a reçu un bon nombre d'éloges sur la blogosphère alors que ce n'est pas forcément un coup de coeur pour moi. J'ai aimé mais je n'ai pas été touchée comme je l'aurais cru par l'histoire de Jung, mise à part à la fin. Je m'y suis sentie extérieure pendant un bon nombre de pages mais je l'ai trouvé courageux et généreux de nous offrir son histoire ainsi.

La mise en contexte est très réussie. J'arrivais à suivre même si au départ je ne connaissais presque rien à la guerre de Corée. L'utilisation du noir et blanc apporte une belle sobriété. Après une deuxième lecture, je pense avoir mis le doigt sur ce qui m'a empêchée d'apprécier cette oeuvre comme je l'aurais voulu. J'ai réalisé que je trouvais le petit Jung, sur la couverture, tout mignon mais celui en noir et blanc à l'intérieur n'a pas réussi à s'attirer mon empathie. Ses mimiques qui me paraissaient mesquines. Est-ce possible que tout parte de là ?

Je vous conseille tout de même ce récit unique. Il existe probablement autant d'histoires d'adoptions qu'il y a d'enfants adoptés et je suis contente d'en connaitre une dans les détails. J'y ai un peu plus compris les questionnements et les préoccupations d'un enfant en carence d'amour qui a vécu un déracinement et qui recherche son identité. L'histoire se termine sur une note d'espoir qui m'a beaucoup plu. Ce sont dans ces dernières pages que j'ai été davantage touchée. Le constat que Jung fait sur sa famille adoptive est très émouvant. La fin laisse entrevoir un grand événement dans la vie de Jung, ce qui me donne vraiment le goût de lire le deuxième tome.
Pour consulter les bandes dessinées des autres participants, c'est chez Mango !

dimanche 2 janvier 2011

L'amour est une île - Claudie Gallay

Quatrième de couverture :

C’est une saison singulière pour Avignon et les amoureux du théâtre : la grève des intermittents paralyse le festival. Un à un les spectacles sont annulés. Les visiteurs déambulent sous un soleil de plomb, à la recherche des rares lieux où joueront quand même quelques comédiens. Comme Mathilde, dite la jogar : devenue célèbre depuis qu’elle a quitté Avignon, elle est enfin de retour dans cette ville où elle a grandi, et pour un rôle magnifique. L’homme qu’elle a tant aimé, et qui l’a tant aimée, Odon Schnadel, a appris sa présence par la rumeur. Lui-même vit ici en permanence, entre sa péniche sur le fleuve et le petit théâtre qu’il dirige.

Cette année-là, avec sa compagnie, Odon a pris tous les risques. Il met en scène une pièce d’un auteur inconnu, mort clans des circonstances équivoques : un certain Paul Selliès dont la jeune soeur Marie – une écorchée vive – vient elle aussi d’arriver à Avignon, un peu perdue, pleine d’espérances confuses ou de questions insidieuses.

Car autour de l’oeuvre de Paul Selliès plane un mystère que ces personnages dissimulent ou au contraire effleurent, parfois sans faire exprès, souvent clans la souffrance.

Plongée au coeur des passions, des rêves et des mensonges, des retrouvailles sans lendemain, des bonheurs en forme de souvenirs, des amours que l’on quitte, des îles qu’on laisse derrière soi, le nouveau roman de Claudie Gallay noue et dénoue les silences d’un été lourd de secrets.


Je ne connais pas du tout Claudie Gallay. Tout ce que je sais d'elle c'est qu'elle est déjà bien connue grâce à son roman Les déferlantes (que je n'ai pas lu). Ce nouveau roman m'a interpellé parce que l'histoire se déroule à Avignon alors que le festival de théâtre bat son plein. Lors de mon voyage sur le vieux continent, j'ai eu la chance de visiter Avignon, de m'y promener dans les rues et ruelles et d'y prendre un cocktail à une terrasse pendant ce festival. Je n'ai vu aucune pièce mais j'ai beaucoup aimé l'ambiance avec des gens déambulant partout, ces murs placardés d'affiches de spectacles et les petits concerts des musiciens de rues. J'ai retrouvé cette ambiance dans ce roman et j'en suis très heureuse. Il partait déjà gagnant !

En plus de l'ambiance, dans L'amour est une île, les personnages ont tous des secrets bien enfouis dans leurs passés mais qui se révèlent au fur et à mesure pour notre plus grand plaisir. On les suit dans le quotidien de cet été spécial, un été différent des autres pour toutes sortes de raisons. Il y a des personnages intéressants comme Marie, la jeune femme en deuil de son frère qui vit avec une colère constante et une culpabilité qu'elle tente de léguer à ceux qu'elle rencontre. Mais le personnage qui m'a le plus plu est Odon, le propriétaire du vieux théâtre du Chien-Fou. Cet ancien amant de la Jogar est mystérieux et complexe.

Ce que je pourrais toutefois reprocher à ce roman c'est de contenir quelques longueurs vers le milieu. Heureusement, la mise en page aérée m'a aidé à poursuivre avec un bon rythme car la fin est géniale : un mélange de tragédie et de révélations insoupçonnables (à moins d'être très attentif ce qui ne devait pas être mon cas). J'ai adoré me faire surprendre. En somme, malgré un deuxième tiers plus ennuyant, ce fut un très bon moment de lecture. L'année 2011 commence bien !

Bonus : des photos de mon propre passage à Avignon en 2005 :)