Automne 2012. Les citoyens de la ville d’Asbestos se réjouissent de la relance de la mine d’amiante annoncée par le gouvernement. Tant les petits commerçants que les artisans et les chômeurs se massent à l’entrée du moulin en quête d’un emploi. Jour après jour, leur colère s’intensifie devant le silence des dirigeants. Bientôt, la fureur se transforme en révolte. Au même moment, une série de noyades inexplicables bouleversent la région de l’Estrie. On retrouve les cadavres de plusieurs enfants flottant dans les lacs, les piscines et les baignoires. Jacinthe, qui fuit Québec pour s’installer à Asbestos dans la maison de ses grands-parents, décide de faire la lumière sur ces drames inexplicables. Ravivant d’anciennes blessures au point de frôler la folie, elle cherche des réponses dans les murs des sous-sols.
Voici moins le roman d’un mystère que celui d’une incompréhension. Les douleurs y résonnent, palpables, devant des drames et des maux ordinaires, mais toujours sur le fond d’un puzzle auquel il manque un morceau.
Qu'il est bon de se noyer, c'est ce titre étrange qui a d'abord retenu mon attention. L'auteure m'était complètement inconnue même s'il s'agit de son deuxième roman. Sans trop savoir à quoi m'attendre, j'ai plongé dans son univers mystérieux... espérant ne pas couler.
Il faut parler de l'écriture de Cassie Bérard en premier car c'est ce qui marque. L'histoire est vite reléguée au second plan. La plume est superbe et met en place une atmosphère déroutante mais très intrigante. Nous tentons de comprendre le passé à l'aide des souvenirs des uns et des autres mais les mémoires ne sont pas fiables et le tangible se fait rare. On nous laisse volontairement dans la brume avec cette Jacinthe/Judith qui perd contact avec la réalité. Nous pouvons nous efforcer de tout démêler en cherchant les quelques indices laissés ici et là ou bien lire simplement en s’imprégnant des images qui nous viennent en tête. C'est ce que j'ai fait après quelques chapitres.
La mine d'amiante d'Asbestos, ou la bête, est un personnage en soi. Elle régit l'existence de tous les habitants de la ville. Inévitablement, c'est aussi elle qui aura le dernier mot. Par bouts, j'aurais aimé être moins dans le flou mais la surprenante fin apporte quand même quelques réponses. Ce roman troublant à l'écriture superbe est une réussite.
Qu'il est bon de se noyer - Cassie Bérard
Éditions Druide 2016
320 pages
2 commentaires:
C'est vrai, la plume est superbe. Si j'ai été déroutée au départ, je me suis laissée submerger. Une auteure à suivre...
@ Marie-Claude Rioux : Même chose pour moi... Liras-tu son premier roman "D'autres fantômes" ?
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