mardi 24 septembre 2019

N'essuie jamais de larmes sans gants - Jonas Gardell

Quatrième de couverture :


Rasmus fuit son village et l’étouffant nid familial pour se jeter à corps perdu dans sa nouvelle vie à Stockholm, où brille l’espoir d’être enfin lui-même. Benjamin, lui, est déchiré entre le chemin tracé d’avance par son appartenance aux Témoins de Jéhovah et son simple désir d’aimer quelqu’un qui l’aimera en retour. C’est Paul, mère poule pour les gais égarés, qui les réunit par hasard une nuit de Noël. Ils repartiront main dans la main sans savoir que leur pas de deux enfiévré les mènera au bord de l’abîme. Que l’un d’eux tombera sous la lame d’une faucheuse que personne ne connaît encore : le sida.

Magistral hymne à la vie et à la tolérance vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires et adapté à la télévision, N’essuie jamais de larmes sans gants documente parfois crûment une époque incandescente et trouble dans une prose sans compromis. Un témoignage aussi déchirant que nécessaire, pour ne pas oublier le chemin parcouru et pour continuer d’avancer, ensemble.


Un an loin d'ici. Je n'écrirai pas un billet pour chaque lecture que j'ai fait depuis plus d'un an mais seulement à propos de mes lectures les plus marquantes. N'essuie jamais de larmes sans gants n'a été rien de moins que ma lecture coup de cœur de l'année 2018 toutes catégories confondues.

À la base, l'auteur suédois a publié cette histoire en trois livres. Ils sont tous réunis dans cette brique qui fait plus de 800 pages. Dès les premières pages, le ton est donné et les émotions prennent le dessus. L'histoire de Rasmus, jeune adulte qui a quitté la campagne pour la métropole, et de Benjamin, jeune homme témoin de Jéhovah, est aussi belle que triste. Dans leur milieu respectif, leur homosexualité est loin d'être acceptée. Avec Paul, Seppo, Lars-Ake, Reine et Bengt, rencontrés au début du roman, ils peuvent être eux-mêmes et vivent enfin la vie qu'ils désirent. Ils forment désormais une nouvelle famille. Avec eux, la vie est belle. Malheureusement, plusieurs d'entre eux seront touchés par ce qu'on appelle alors le "cancer gay" qui est en fait le Sida. Nous sommes au début des années 80 et l'homosexualité vient tout juste d'être retirée du registre des maladies mentales.

Aux États-Unis, le Sida a frappé plus tôt. D'ailleurs, j'avais lu L'immeuble Christodora de Tim Murphy qui aborde le même sujet dans la ville de New York. Naïfs, les suédois ne croyaient pas que la maladie les rejoindrait dans le nord de l'Europe. Les personnages de Jonas Gardell sont donc étonnés lors de l'éclosion de la maladie. L'histoire de Rasmus et Benjamin est fictive mais l'auteur s'est grandement inspiré de sa propre vie et de celles des gens de son entourage. Par contre, l'auteur, qui affirme s'être documenté pendant des années, a aussi pris soin d'intégrer des passages plus informatifs qui nous font comprendre la pensée ambiante à cette époque.

Un an plus tard, j'en garde encore de très vifs souvenirs...

La toute première scène avec les deux infirmières et le jeune homme qui pleure.
Le coup de foudre de Rasmus et Benjamin au réveillon de Noël.
Leur magnifique promenade dans la tempête de neige.
Les séances très crues de sexe dans les toilettes publiques ou dans les saunas.
Le coming-out de Rasmus à ses parents.
La façon de traiter les cadavres des personnes souffrant du Sida.
Etc.

Un roman puissant, dur et bouleversant mais absolument nécessaire.

N'essuie jamais de larmes sans gants - Jonas Gardell
Éditions Alto 2018
832 pages

2 commentaires:

Noukette a dit…

J'ai été complètement retournée par ce roman magnifique...!!

Marguerite a dit…

@ Noukette : Moi aussi, complètement !