samedi 19 juin 2010

Seul dans le noir - Paul Auster

Quatrième de couverture :

"Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m'efforçant de venir à bout d'une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain."

Ainsi commence le récit d'August Brill, critique littéraire à la retraite, qui, contraint à l'immobilité par un accident de voiture, s'est installé dans le Vermont, chez sa fille Miriam, laquelle ne parvient pas à guérir de la blessure que lui a infligée un divorce pourtant déjà vieux de cinq ans, et qui vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak, dans des conditions atroces, d'un jeune homme avec lequel elle avait rompu, précipitant ainsi, croit-elle, le départ de ce dernier pour Bagdad...

Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs, peu glorieux, qui l'assaillent dans cette maison des âmes en peine, Brill se réfugie dans des fictions diverses dont il agrémente ses innombrables insomnies. Cette nuit-là, il met en scène un monde parallèle où le 11 Septembre n'aurait pas eu lieu et où l'Amérique ne serait pas en guerre contre l'Irak mais en proie à une impitoyable guerre civile. Or, tandis que la nuit avance, imagination et réalité en viennent peu à peu à s'interpénétrer comme pour se lire et se dire l'une l'autre, pour interroger la responsabilité de l'individu vis-à-vis de sa propre existence comme vis-à-vis de l'Histoire.
En plaçant ici la guerre à l'origine d'une perturbation capable d'inventer la "catastrophe" d'une fiction qui abolit les lois de la causalité, Paul Auster établit, dans cette puissante allégorie, un lien entre les désarrois de la conscience américaine contemporaine et l'infatigable et fécond questionnement qu'il poursuit quant à l'étrangeté des chemins qu'emprunte, pour advenir, l'invention romanesque.

Quand un auteur a une large bibliographie, je ne sais jamais par où commencer craignant ne pas débuter par un roman représentatif de son oeuvre. Dernièrement, je pense que je suis mal tombée alors que je voulais découvrir Dany Laferrière. De Paul Auster, je comptais lire d'abord Brooklyn Follies mais le destin en a décidé autrement. Je ne sais pas si Seul dans le noir est représentatif mais j'ai vraiment aimé, c'est l'important !

Seul dans le noir, c'est l'histoire d'August Brill. La principale force de ce roman, c'est justement ce personnage qui devient presque réel, comme s'il avait écrit sa propre biographie, une biographie où les émotions et les souvenirs se succèdent dans l'ordre ou le désordre. Les errances de son imagination sont également fascinantes. Tout comme Paul Auster, Brill sait raconter.

Grâce aux chevauchements entre la fiction et la réalité d'August Brill, nous avons droit à deux, ou même trois, histoires en une. Mais, comme tout est mené de main de maître. Il ne faut que deux ou trois phrases pour nous imprégner de chacune des ambiances. Je n'ai jamais décroché, que ce soit lorsque Brill décortique les vieux films qu'il visionne avec sa petite fille ou lorsqu'il lui raconte sa grande histoire d'amour.

Une excellente découverte donc et je veux relire Auster bientôt, mais je ne sais pas plus vers quel roman me lancer maintenant. Son nouveau, Invisible, me tente beaucoup de même que son populaire Brooklyn Follies.


Défi 100 ans de littérature américaine : 4/5

3 commentaires:

Stephie a dit…

J'avais beaucoup aimé moi aussi !

Emilie a dit…

Brooklyn follies est très bien aussi et moi je note celui-ci!

Marguerite a dit…

@ Stephie : J'avais lu ton article au moment où tu l'as publié. Tu as contribué à ce que je le note :)

@ Émilie : Tu confirmes que je dois absolument lire Brooklyn Follies. Tous les lecteurs semblent avoir appréciés !!